mardi 30 décembre 2008

Déclaration annuelle des membres du conseil: Prince Amour/Reine Amertume

Chers amis,

Je suis en réflexion. Je pense abandonner mon poste de Reine pour devenir une femme normale qui vit dans le siècle. Je n'ai pas encore décidé, mais je voulais vous en faire part. Si cela se produit, je me trouverai un emploi et me construirai une maison.

Princesse Amour/Reine Amertume

Anselme a des questions

Il est arrivé sur sa planche à roulette avec un petit short rouge, un peu trop court. Ses muscles commençaient à saillir et un léger duvet couvrait sa lèvre supérieur. Plein de peau partout. Il a 13 ans.

A: J'ai des questions.
M: Ok, vas-y.
A: C'est qui mon père.
M: Je ne le sais pas. C'est pas moi. Je ne t'ai pas fait avec une femme. Tu es arrivé ici petit. On a vu une ombre venir te porter dans le sous-sol de la chapelle, c'est tout ce que l'on sait. Le reste est légende.
A: Ici, est-ce qu'il y a des gens qui ont des parents?
M: Bonne question...tout le monde a un début flou ici. Il y a seulement des histoires...
A: Bizarre...
M: Sauf moi, j'ai des parents...beaucoup. Des fois trop.
A: Est-ce que c'est l'fun?
M: Pas toujours, pas souvent. Disons que c'est "obligatoire".
A: Wow, fucké. Alors, c'est mieux de ne pas en avoir?
M: Non, c'est mieux d'en avoir, mais ça amène d'autres problèmes.
(Il pense)
A: Tu sais quoi? Mon pénis a grossi. J'y pense souvent et je joue avec.
M: C'est un moment agréable de la vie.
A: Je ne sais pas trop quoi en faire
M: Continue t'es dans la bonne voie.
A: Mais à un certain moment, je vais vouloir le montrer à quelqu'un d'autre...
M: Oui, je vois. Il va falloir te trouver quelqu'un de ton âge.
A: Il y en a pas ici...
M: mmmm bien vrai. Continue à jouer j'y pense. Allez, va!

mardi 23 décembre 2008

Déclaration annuelle des membres du conseil: Satan Brossard

Je vous emmerde!
J'exulte!
Je jouis!

Aaaaaahhhhhhhhh!


Satan

Princesse/ Reine Amour à la fenêtre

(Extrait du journal de la Princesse/Reine)


...Seule dans mon grand château vide. J'étais Princesse folle d'amour, je me heurtais sur les parois acérées d'une mer déchaînée, courais éperdue après l'autre, indifférent. Je me dépensais en une énergie volatile et désespérée...puis j'ai eu trop mal. Je me suis recluse, je suis devenu Reine et j'ai obtenu le dominion sur mes facultés, un empire sur moi-même et mes actions. Mais quoi? Je suis seule ici, triste et amère. Tellement amère que ça goûte mauvais dans ma bouche. J'aimerais le bonheur, des cieux enchantés, un tendre époux et redevenir la naïve princesse que j'étais. Prête à s'éprendre, à s'épandre et à se donner. Mais le ciel est lourd autour du Château et personne ne veut d'une reine d'amertume, grise et malheureuse. Que faire? Changer, disparaître?

Je ne sais dans quelle direction aller.

C'est sûr que je me fais prendre dans les couloirs du château par des laquais et des palefreniers, agréable, mais lassant. Mieux que rien.

Évidemment, manger un peu de sucre enlèverait l'amertume...peut-être acheter un fou de la reine...au moins, ce serait divertissant.

Difficile de se remettre en question lorsqu'on est Reine...Je crois que plusieurs ne veulent même pas passer au château à cause de ma sévérité, de mes demandes et de mes exigences. En devenant Reine, j'ai cessé d'être la proie des autres, de laisser la place à leurs exigences et leur velléités, mais je suis devenue inaccessible. Et cela m'isole...Peut-être devrais-je abdiquer? Devenir une femme normale, contemporaine, simple, m'inscrire dans le temps et l'espace?

Plutôt qu'être seule dans mon château et d'y moisir...

Je pense que je vais faire une fête de la nouvelle année...et je vais continuer à réfléchir.

vendredi 19 décembre 2008

Déclaration annuelle des membres du conseil: Terese von Wartburg

Chers concitoyens,

Je suis très fière de l'année accomplie. Merci de m'avoir accordé votre confiance. Je crois avoir bien rempli mon mandat de présidente. Les revenus sont en croissance et nous investiront bientôt dans plusieurs domaines. Je comprends que vous soyez toutes et tous fatigués! J'ai augmenté notre masse monétaire en nous inscrivant dans des activités lucratives, mais peut-être moins constructives. Il faudra faire attention au dosage entre les activités qui rapportent et celles qui bâtissent. Mon credo sera rapporter en bâtissant! Je crois que tous les habitants de l'île ont bénéficié de ce nouveau flot économique. Je vois que la gestion du temps entre le travail, l'argent et l'espace personnel demeure problématique et important. Je devais démarrer la machine. Maintenant, nous nous ajusterons. Surtout en allant vers des activités dans lesquelles nous sommes seuls à exceller et qui nous amène plus rayonnement et de retombées non-matérielles. Encore une fois bravo à toutes et tous!

Je me présenterai pour un nouveau mandat. J'espère que vous renouvellerez votre confiance.

Au plaisir,

TvW

Anselme sur sa trottinette

Il est arrivé plusieurs jours plus tard sur sa trottinette. C'était encore le même Anselme, mais beaucoup plus jeune à 10 ans. Il me souriait.

M: Anselme? Tu as rajeuni!
A: Oui, depuis que tu t'es excusé, je suis redevenu un enfant et je joue! Je voulais te dire que je te pardonne. Tu t'es trompé, c'est tout! Maintenant, je vais y aller. J'ai envie de jouer. Bye!

Étrange, mais logique.

mercredi 17 décembre 2008

Déclaration annuelle des membres du conseil: Jean Courtemanche

Chers amis,

Tout d'abord, je vous salue! Nous ne nous voyons plus souvent car entre les parties de pêche, mes voyages et les modèles à coller, je n'ai plus grand temps pour m'impliquer dans nos vénérables institutions. J'ai été pour l'île, pendant longtemps, une force vive. J'ai bâti notre chapelle et notre cathédrale, deux joyaux architecturaux de notre île, pour lesquelles nous sommes reconnus. J'ai été l'entrepreneur, le moteur de bien des projets. Mais je vieillis et ma force se calme. J'ai eu aussi le sentiment que mes efforts n'étaient finalement pas orientés vers un objectif réellement constructif, profitable pour moi et la communauté. J'ai construit deux magnifiques bâtiments qui ne sont que malheureusement peu utilisés à cause de notre petit nombre et du peu de visiteur que nous avons. C'est bien frustrant. Nous avons une superbe réputation, mais cela nous rapporte peu. Je ne suis pas certain que ce soit le moment de poursuivre dans cette direction. C'est pour cela que j'ai pris ma retraite: afin que les énergies des acteurs de cette belle île soient déployées vers un objectif plus facilement mesurable pour tous. Je concède que TvW a fait un travail immense dans la réorganisation des finances de l'île et dans la conduite des projets. Je voudrais par contre attirer son attention sur quelques points: elle devrait faire attention à la santé et à la fatigue des habitants, à veiller à déployer les énergies de tous vers des projets enrichissants et constructifs et à ne pas se mettre au service de l'or et de l'argent. Je la sais très habile et intelligente et je ne crains donc pas qu'elle y veillera.

Je vous Bénis,

Jean Courtemanche

Journ'île: Assemblée du conseil

Madame, monsieur,

Il me fait plaisir de vous convoquer à l'assemblée annuelle plénière de notre île. Je suis à l'heure des bilans suite à ma première année en tant que présidente du conseil.

Seront à l'ordre du jour: Brisbane II, suite; investissements futurs; rapport des différents ministères; élection du prochain conseil et de la présidence.

Je demanderais à tous les membres de notre conseil d'entamer une réflexion personnelle sur l'évolution de leur dossier et de leurs relations pour faire de bon choix et de dresser un ordre de priorité.

Un fastueux banquet sera servi pour clore l'année.

TvW

Anselme veut savoir

J'étais assis sur le bord de la cathédrale, fumant un calumet. Anselme s'est planté devant moi et lança à mes pieds un volatile mort.

A: Tiens, j'ai chassé cette poule pour toi!

Je regardai tristement la bête. C'était un magnifique faisan plein de panache avec une hampe de plus comme mille feux.

M: c'est un faisan, Anselme.

Il sembla alors interloqué, ne sachant pas trop ce que c'était. Il joua un peu avec la terre du bout de son pied et je l'invitai à s'asseoir auprès de moi. Il s'assit visiblement tendu de notre rencontre.

A: Tu as quelque chose à me dire, je le sais. Je te vois me regarder de biais depuis plusieurs jours.

M: En effet.
A: Quoi?
M: Je me mis à sangloter. Je voulais te dire que je m'excuse, que je suis faible, que je me suis trompé, que je t'ai fait du tort. Je croyais que tu étais un ogre qui mangeait les petits enfants, qui les auraient écrasés et détruits, mais c'était tout faux.
A: Pourquoi aurais-je fait cela?
M: Je ne sais pas, je le supposais. C'est ce que je voyais.
A: C'est ridicule! Tu es un pauvre con! Tu ne t'es pas occupé de moi sur de fausses assomptions, craignant que quelque chose arrive! C'est ridicule!
M: Je sais. Je dois te mettre par contre en garde: je vois que tu te dépasses, que tu deviens quelqu'un, que tu repousses tes limites, mais je sais que tu fais cela pour attirer mon attention, pour me prouver que j'avais tort, pour te montrer extraordinaire, digne de mon attention. Mais c'est une erreur ou à tout le moins une mauvaise motivation: tu aurais seulement pu être ordinaire, ou à tout le moins, seulement toi-même pour que je te supporte, c'est moi qui étais en faute et non pas toi! Je dois te prévenir que c'est une voie sans issue que celle-là. Je m'y suis essayé longuement, sans résultat. Je crois que je me fatigue énormément à prouver au monde que je suis extraordinaire. C'est un esclavage et souvent ça me rend triste. Il est vrai que j'ai acquis beaucoup de compétences, de vertus et d'expériences ainsi, mais ma jouissance et les résultats sont limités.
Je t'en conjure...fais-le pour toi. Essayer d'être plus parce que l'on est pas assez pour quelqu'un, c'est vain.

Il me regarda, soufflé. Aspira dans le calumet, s'étouffa et partit.

vendredi 12 décembre 2008

Anselme fâché

Quand il me voit, il me fuit, le regard mauvais. Il continue à être un héros: se dépasse partout, fait de la musique, chante des airs de bravoure, du Wagner, du Bellini, du Strauss. Il est bon dans tout, se dépasse, est beau et s'organise pour que je voie ses succès de loin.

Mais il est furieux, parce que je n'avais pas su déceler plus tôt tous ces talents, qu'il me dégoûtait, que j'avais peur de lui, le croyait une menace à ma personne et aux autres. Ce que j'avais imaginé de lui est tout autre que ce que j'avais cru. Je m'étais trompé, complètement. Et il a voulu me le prouver. Me montrer que mes assomptions étaient fausses, que j'avais tort.

Moi, je me sens misérable de ne pas avoir aimé mon fils. Mais est-ce mon fils? Pas vraiment. C'est mon fils adoptif. J'en ai la garde et j'en suis le tuteur. Ainsi, je me sens moins misérable, mais encore là, j'ai failli à ma tâche.

Tristement, je sens qu'il n'y a pas d'espace pour le pardon de sa part. Les jeux sont faits, il s'est durci. Je viendrais pleurer à ses pieds en m'étendant en excuse, que ça ne donnerait rien. Ou peut-être dans une petite case de son âme, se sentirait-il soulagé de voir que moi son père, je suis un faible, un lâche, une merde, un humain à l'âme molle?

Je n'en sais rien.