samedi 21 novembre 2009

L'espace domestique

Il règne un silence de vapeur d'eau dans la maison. Une lumière qui monte emplit les pièces et nous sommes heureux d'y respirer. Les hommes nus qui couraient sans cesse près de la maison sont disparus et restent encore en cercle les traces de leur passage. Vestiges érotiques caduques et tombants. L'herbe emplit peu à peu l'espace qu'ils occupaient de leur poursuite, de calme et de vie. Une vie vraie qui monte, qui veut, qui se dirige vers le ciel, et fondamentalement vers nulle part, car la vie n'a pas une direction précise autre que le seul vouloir de se diriger. Je respire dans ma maison et je regarde la fenêtre. Je la regarde, elle. Je regarde le verre qui nous donne la possibilité de le traverser, de le pénétrer et d'avoir accès à ce qui est en arrière. Je regarde la table, le bois, marqué des ciseaux, des coups, de l'usure, de ma maladresse, d'une bougie et marqué de lui-même, de ses failles, son grain, ses lignes pétrifiées.

Je pense à Milan. La nuit noire, les lumières dans le froid, un peu de peur, Noël autrement, une boîte de Jazz, le froid, une lumière moite. Avoir peur de tout cela à sentir et à endiguer. L'odeur des marrons qui grillent au petit matin, les décorations de Noël et l'atmosphère si différente de la fête. Les pigeons qui roucoulent et l'odeur de sexe des figuiers et du buis. Et au bout de la rue, les Alpes.

Je reviens dans ma maison dans les landes, dans la plaine. J'y suis bien. Le jour est calme, L'air humide et froid, la torpeur paresseuse de photons luttant contre le brouillard et qui, douillets, finissent par s'y plaire et même s'y établir.