samedi 29 mai 2010

Un artichaut s'ouvre

La poussière resta longuement au-dessus des décombres de la villa d'Adriana Gourd. Il ne restait plus rien de ce qui avait été sa maison. Les îlois tournaient autour des ruines plus interloqués que peinés. Ils savaient tous inconsciemment que quelque chose se préparait. Au bout de 4 jours, un cône vert commença à émerger de la terre. On entendait des craquements sourds ainsi que les cris étouffés d'une femme qui jouit. Le cône sortait très lentement de la terre, avec peine et ardeur. Il se dégageait de la masse de poussière et de débris, repoussant les gravats. Puis, on entendit un craquement sourd et un cri d'extase féminine violent et soutenu au moment où le cône s'élançait à une vitesse vertigineuse vers le ciel. Cet artichaut géant et sa hampe verte crurent à la vitesse d'une horde de chevaux affolés. Aussi soudainement, la croissance s'arrêta et la tête de l'artichaut s'ouvrit dans un plop mou et sonore, dégageant 83 pinsons et hirondelles jaunes qui se mirent à voler à la ronde, sans compter les fleurs roses qui voletèrent vers le sol. Ce fourmillement de vie et de joie encadrait une femme nue et blonde, une main sur le sein et l'autre dans les airs, son index et son majeur levés, et ses autre doigts repliés.

Elle prit une grande respiration et se mit à chanter d'une voix magnifique, fraîche et cristalline. La grande chanteuse était née de nouveau. Miracle!

dimanche 23 mai 2010

Le cercle des nobilettes.

Princesse Amour, Reine Amertume et Béatrice la Boulangère sont réunies dans une salle du château. Elles sont au rouet et l'atmosphère est à son comble. On rit, on tisse et on parle. Les trois femmes qui cherchaient mari avec obstination et sans résultat un jour se rencontrèrent pour en parler: c'est ainsi que naquirent ces rencontres de tissage.

Princesse Amour avait cuisiné un mont-Blanc, Reine Amertume des carrés aux dattes et Béatrice la boulangère une magnifique couronne avec de la confiture de cerises de terre. La joie d'être ensemble portait leurs journées et la conscience de ne pas être seules les avaient apaisées.

Princesse Amour se leva de son rouet et se mit à tourner sur elle-même faisant voleter sa belle robe de tulle blanc. Elle arrêta son tournoiement pour empoigner un balai et se mettre à chanter une chanson de swing. Les deux autres se mirent à rire, pliées en deux de voir leur amie faire son numéro de chant. Mais celle-ci ne désemparait pas et continuait. La Reine et la Boulangère reprirent le rouet en accompagnant la princesse en chantant elles aussi. Elles se trouvèrent excellentes.

Béatrice, une fois la chanson finie, dit à la ronde: "on devrait se partir un groupe: les nobilettes. On pourrait chanter ensemble durant les fêtes et les réceptions."

C'est ainsi que les rencontres de tissage devinrent des moments d'études et de pratique autour de la musique de plusieurs époques. La musique contribuait à faire de leur vie et de leur amitié un moment riche où pour un court moment qui débordait sur le reste de leur existence la joie et la bonne humeur régnait en maître.

La transmutation du chant

C'est arrivé ainsi:

Adrianna Gourd répétait dans son studio avec Henri, son fidèle pianiste. Elle interprétait une longue mélodie de Richard Strauss. Ils répétaient depuis une heure quand Adrianna eut un hoquet des plus impromptus et des moins élégants: le pianiste cessa derechef son accompagnement. Elle eut l'air très étonnée, regarda vers le ciel, leva tranquillement la main, inspira et se mit à produire un grondement sourd qui s'amplifia en un long glissando ascendant agité d'un vibrato frénétique. La fréquence ne cessait de monter et les murs et les fondations de la maison se mirent à trembler en sympathie avec son vibrato. Toute l'île cessa de vaquer sous l'emprise du long chant d'Adrianna. On retint son souffle et on regarda dans la direction de sa maison qui commençait à s'effondrer. La montée vers l'aigu s'accéléra ensuite et la voix se brisa en mille éclats de son qui semblaient tomber, telle une pluie fine sur l'île. À ce même moment, la maison fut pulvérisée en un nuage de poussière blanche duquel s'échappa une corneille.

Puis le silence vint. Et il n'y avait que la poussière de la maison détruite qui s'estompait peu à peu du ciel insulaire.

lundi 3 mai 2010

La question de TwV

Terese contemple son île. Elle voit avec satisfaction la propreté des rues et l'ordre régner.
Tout cela est beau et satisfaisant.
Mais une question la taraude.
Quelle est la prochaine étape?