dimanche 13 juin 2010

Liquéfaction de l'artichaut.

Et la chanteuse chanta, chanta, chanta.


Au début, tout le monde était ému par tant de beauté dans une seule et même voix. Puis après 5 jours de chant continu, on se mit à émettre des réserves puis des plaintes. Finalement au 7e jour, on décida d'aller abattre la grande hampe de l'artichaut pour en finir avec cette maudite chanteuse qui ne pouvait s'arrêter de chanter jour et nuit. On mit la hache à la hampe, mais rien n'y faisait: la fibre était trop dure et dense. Mais au 8e jour, une odeur pestilentielle qui émanait de l'artichaut se répandit sur l'île. Elle donnait la nausée. Très rapidement à la fin du jour, la hampe de l'artichaut se liquéfia en un jus vert gluant, poisseux, avec des bulles qui éclataient laissant sortir de vilaines mouches. La fleur d'artichaut se mit à descendre vers le sol lentement et le glissando vibrant de la chanteuse suivait la descente de l'artichaut. Puis à un certain moment, la chanteuse fut noyée dans la glue verte de décomposition d'artichaut et l'on cessa de l'entendre.

Stupeur.

Les bombes d'Anselme

Voilà,

Anselme s'est marié. Il a eu une petite fille: Wilma. Il demeure toujours à Hof.
Il travaille dans une entreprise de sidérurgie et il déteste parler allemand.

Quand sa fille commença à mieux faire ses nuits, il se chercha un passe-temps pour occuper les nuits qu'il avait appris à ne plus dormir. Il alla sur la toile et appris à confectionner des bombes. Il s'enferma dans le sous-sol de sa maison et se mit à perfectionner ses créations meurtrières. Étrangement, il travaillait d'une passion sans relâche et d'une concentration sans discontinuité. Il faisait ses bombes, mais ne savait pas trop contre qui ou quoi les utiliser. Il pensait bien aux trains et aux viaducs des autoroutes, mais il répugnait à tuer des gens. L'idée du sang, de la moelle des os, des fragments d'os explosant de toute part l'écœurait. Il s'intéressait plus à l'idée de la destruction des structures, surtout celles qui sont laides et rendent la vie laide. Le béton sans aime et sans âme, les courbes sans chaleur, la mort de la vie et de l'esprit. Mais c'était un germe.

Il loua un vieil entrepôt au coeur de la forêt noire et y fit exploser les engins. Filmant la réponse de chacun de ses prototypes, il étudiait l'impact qu'avait chacun des matériaux et des formes utilisés sur la puissance de déflagration. Il venait de terminer son meilleur engin, lorsqu'il entendit un grattement sur la porte de son atelier. Il n'avait jamais songé que quelqu'un pouvait venir s'immiscer dans son travail interlope. Il se tut et calma sa respiration jusqu'à la ralentir à un niveau minimum. Le grattement continua et on entendit une respiration forte et animale. Puis, la porte de l'entrepôt se mit à valser en ondulations barbares et une patte velue défonça le centre du chambranle. Anselme était tétanisé.

Tranquillement, la patte velue poussa la porte sur son rail et l'ouvrit. Il y eut un moment suspendu où rien ne se passa. Puis, majestueusement, un ours entra, accompagné par la Fée Clochette (celle de Walt Disney) qui rayonnait d'un éclat immatériel. Elle souriait et de son sourire émanait un lustre argenté brillant de tout ses feux.

L'ours faisait quelques grognement dont on s'attend de la part d'un ours. Puis, dans un froufrou de tulle angélique, la FC s'approcha d'un air coquin. Longtemps, elle forma avec sa bouche la voyelle qu'elle allait prononcer, elle suspendit le son vivant forçant Anselme à fixer son attention sur les lèvres coquettes et coquines de la Fée. Bien malencontreusement, il eut une érection qu'il trouvait particulièrement malséante dans ce moment, convenons-en, assez dramatique.

Puis la voyelle sortit: An. (A nasalisé)
Anselme!

FC: C'est moi, la Fée Clochette.

An: Bonjour Fée.(il rougit tant de s'être fait pincer fabriquant des bombes que d'exhiber son sexe en érection à l'arrière de son Bermuda).

FC: Sais-tu ce qui m'amène?

AN: Non.

FC: J'ai une mission. Devines-tu laquelle?

AN: Euh. (rougissant). Détruire ce qui est laid?

FC: Oui! Je t'ai apporté un ours. Il va t'aider.

AN: un ours? Je ne vois pas le rapport.

FC: Franchement. Je déteste que l'on doute de moi. Prends l'ours. Il va te transporter de laideur en laideur. Tu détruis, cancelles, tu annules, tu fais disparaître. Suis l'ours.

AN: Mais j'ai une femme et un enfant.

FC: (tout d'un coup parisienne). Mais merde, tu me fais chier à la fin. Je t'amène un ours, une mission et puis, toi, tu m'embêtes avec des détails, une femme, un enfant...et quoi encore un travail?

An: oui...euh...mon travail.

FC: C'est simple je cacherai de l'or sous des sapins, tu n'auras qu'à les faire parvenir à ta famille.

An: mais...

FC: Chut! (Pling! Elle donne un coup de baguette magique et disparaît dans un fracas d'étincelles!)

Et puis, l'ours tourna sa grosse tête vers lui et dit: j'ai faim.