samedi 15 octobre 2011

La Sorcière Xerox

Elle est arrivée sur son Balai dans un habit de soleil, de lune et de frange noire. Elle s'est posée sur le sol, a ouvert une petite photocopieuse portative et un jet de lumière aveuglant a inondé l'île, enivrant le ciel, cuisant les bâtiments, purifiant l'air. Elle leva les bras, le balai dans la droite et la photocopieuse dans la gauche et cria "Fuck you all, la terre et le ciel, les hommes et les crapauds, Sôniâ, la sorcière Xerox a parlé". J'étais plutôt surpris. Bien fait! lui dis-je. I know, she said. Elle est partie dans l'île se promener. Elle semblait avoir une liste de chose à faire. Le fantôme d'Adriana Gourd avait disparu.

vendredi 14 octobre 2011

Le fantôme d'Adriana Gourd

Elle est arrivée en août dans le ciel brillant de ses dix mille feux, cachant le soleil de sa grande robe d'opéra, mélange nuit sombre et lune d'argent, déposant le gris et l'indistinct sur toute chose. Enfin, pas tout, mais des fois, un peu, ou souvent, ou pas, ça dépend des jours. Feu le ministre des Crises et Catastrophes est de retour. Madame Gourd ayant chanté sur toutes les scènes d'Europe. Elle est là comme un pet qui colle, difficile à chasser. Elle tourmente tout un chacun de sa peur viscérale. Disant des mots qui font peur à l'oreille, étendant la vue du pire dans la conscience de chacun, créant mille ponts plus périlleux les uns que les autres à traverser, ponts que finalement, on ne traverse jamais, ou rarement, ou même lorsqu'on les traverse, ils ne ressemblent en rien à ce que l'on s'était imaginé. Bref Adriana Gourd is back. Et elle m'emmerde. Personne n'a encore rien fait. Même pas Terese. Elle est si occupée à la restructuration de son île qu'elle la laisse faire. La dernière fois où elle m'avait fait autant royalement chier, je lui avais parlé dans le casse. Durement. Je l'avais dégradée au simple rang de député du banc et elle s'était tue de peur d'être muselée pour toujours et à jamais Amen. Mais maintenant qu'elle est bien morte, qu'elle n'est qu'un fantôme, une merde issue du passé, que faire? quelques indices: un exorcisme? peut-être, mais il n'y a pas de prêtre sur l'île. Elle a besoin d'une scène, s'emmerde au royaume des morts? Possible. Elle veut nous aider mais s'y prend mal? Classique et à creuser. Une grosse machine à vent activée par un pompier torse nu. Pas mal! Je vais lui parler, mais pas maintenant. Mon Dieu que j'ai hâte qu'elle quitte.

jeudi 13 octobre 2011

Terese à elle-même.

Dans son magnifique bureau, moitié épuré, moitié rococo, Terese, sur du papier parchemin vélin, écrit.

Elle regarde au loin, un point flou dans son bureau ou encore à travers la grande baie vitrée qui donne sur l'île. Parfois, elle soupire. Elle prend manifestement son temps pour laisser les mots justes poindre de sa conscience, se matérialiser, prendre du relief, du grain et finalement, se liquéfier et sécher sur du papier coûteux.

...j'ai pris une décision difficile qui ne plaît pas pour le moment à tout le monde. Ils ont une très grande confiance en moi et moi, en moi-même. Ce n'est pas tant l'issue de mon choix (j'y arriverai, je suis convaincue, je n'ai aucun doute) qui m'inquiète que l'atmosphère générale du moment et la détresse cachée de plusieurs.

Oui, l'an passé, il y avait de l'activité dans les rues, des clowns, des enfants qui courent, du commerce, mais aussi, de la saleté, un perte de contrôle et une frénésie que je ne voulais pas voir s'installer et devenir la réalité de notre île. Quand j'ai su que les Soeurs du Commerce voulaient s'installer et leur puissante institution déménager parmi nous, que les Hare Krishna du bout de l'île considéraient consolider leurs acquisitions, je me suis dit: ouste, on bâtit sur du solide et on devient une capitale respectable, avec Musée, Salle de concert, Restaurants, Banques, Bourse et tout le tralala. Mais d'un coup, après mon édit, les rues se sont vidées, l'île est devenue triste, les habitants balayant ce qu'il n'y a pas à balayer, réparant ce qui peut attendre. Je ne m'en veux pas, je ne suis pas fan des regrets, mais j'aurais pu (aurais-je?) faire autrement.

Ai-je des regrets? Peut-être est-ce cela le problème? D'avoir mis mon île dans quelque chose de semblable à un passé honni, d'avoir créé un enfer? (soupir)

Bref, c'est moi qui ai pris cette décision, c'est à moi d'offrir aux habitants de l'île ce qui les rend heureux. Mais en suis-je capable par ma seule force? (soupir)

Certes pas. Ils doivent m'aider eux aussi. Et le vent du changement doit souffler de mon côté. Et ce vent m'aime tellement qu'il viendra me visiter.

mardi 11 octobre 2011

La fête

Les habitants de l'île se sont levés ce matin et il y avait une grande fête d'organisée pour eux. Une grand estrade en bois parée de tissus et de papiers de couleur, des guirlandes reliant les bâtiments entre eux, des amuseurs publics, des clowns, des chiens déguisées en femmes, des chats en diable et même une gigantesque pieuvre avec un chapeau de fête sur la tête et un cigare (mouillée) dans une tentacule.

In-cro-ya-ble.

Les habitants réalisèrent que Terese avait organisé ça pour eux et surement d'elle-même durant la nuit.

Elle prit le pied du micro dans sa main et elle dit: bienvenue à la fête de l'oisiveté!
Aujourd'hui, ne faites rien qui vous ennuie, soyez heureux, faites confiance à la vie. Elle sourit et Grace entonna voi che sapete avec un petit orchestre d'instruments cabossés.

Sur une pancarte en retrait, posée sur un lutrin de bois était écrit: consultation personnelle et privée avec TvW; écrivez votre nom.

Ahah! C'était donc ça!

lundi 10 octobre 2011

Le souffle

Voilà ce que Terese a fait.
Un grand ménage. Pour faire de la place. Pour que de nouvelles entreprises s'implantent. La foi, la certitude, l'ambition.
Exit les touristes. On vide des bâtiments, on nettoie les rues, on jette ce qui ne sert plus.
Maintenant, c'est plus silencieux. Les habitants sont un peu déprimés. On attend les bonnes nouvelles et on doute un peu. Les gens baisent aussi en cachette pour se donner de la joie. Ils font des fêtes dans les palais vides. On se promène aussi en nature. On fait de la musique à l'impromptu, on échange, on discute. Et bon, il fait beau. Mais il faudrait qu'il y ait un peu plus d'énergie qui vienne de Terese, qu'elle vienne encourager les troupes, dans certains domaines, leur dire qu'ils font du bon travail. Elle le fera. Elle-même croyait que les investissements seraient plus rapides. Elle doit s'ajuster. Mais de l'argent, il y en a tout le temps et des fois beaucoup.

Terese a la foi. Elle sait qu'on va y arriver.