jeudi 16 février 2012

Floush

Je suis sorti de l'eau. Salée.
C'est la mer. J'ai nagé longtemps. Très longtemps.
Je suis parti de l'île en septembre. Pour aller vers un territoire meilleur.
Et puis j'ai beaucoup nagé. L'eau était froide. Un peu houleuse. Mais rien qui pouvait menacer ma vie.
Je nage bien. Mais des fois, je suis fatigué et aussi ça m'emmerde.

Il y a quelques semaines, je suis monté sur une île, pas plus grande que moi.
J'ai respiré un peu. Ça m'a donné courage: il y a des îles! me suis-je dit. Je commençais à penser que j'aurais nagé toujours. Puis, j'ai replongé, plus détendu.

On m'a bien parlé de certains territoires, mais je ne sais pas clairement où ils sont ou encore ce qu'ils valent...mais j'y vais.

Cette nouvelle île est plus grande. Je peux tout de même voir le début et la fin. Plus longue que large.
Il fait tout de même chaud. Il y a des escargots et aussi une chèvre. UNE chèvre. De l'herbe salée, des arbustes, une table et du papier.

Ça m'apaise un peu."Bon, il y a des îles plus grandes."
Mais ce serait con d'y rester. Je peux faire un feu. Boire le lait de la chèvre et la manger avant de quitter. Pauvre chèvre. Je n'aimerais pas être à sa place. Juste un peu, je vais rester; question de faire mes forces, de me donner espoir et de m'y ennuyer.  Après, je repartirai.

dimanche 12 février 2012

La boulangère se met en ménage

Ça se fit plutôt simplement:
Un jour, il arriva avec un bouquet de fleurs blanches qu'il avait acheté, agrémenté de fleurs des champs cueillies au passage et avec soin. Il était grand et assez bâti. À ce qu'il lui a raconté par la suite, il l'avait observée pendant des mois- elle, elle ne l'avait jamais vu-  au marché, avec ses copines chanteuses, à la boulangerie, joyeuse et sérieuse, toujours courtoise, à l'église pendant les prières où elle affichait une mine pensive, à la librairie lisant avidement les synopsis des livres, soupesant son envie avant, parfois, d'acheter; il l'avait donc cartographiée avant de faire son geste d'offrande florale.

Elle lisait à sa fenêtre quand il arriva bouquet en main.  Elle le vit ramassant des papiers qui jonchaient le sol, laissés par des passants insouciants et mal élevés. Son coeur eut un sursaut, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, un sursaut comme une bal au bond, comme une frayeur qui se détend, comme un chat croqué au vol par un polaroïd bruyant, comme le seul clic d'un métronome pris du hoquet.

Clac, fit la clanche de la porte, le bouquet pénétrant en premier et l'homme en deuxième.