Le Procès :
Mme La Juge d’instruction France Charbonneau.
Mme Pinsonneault, dite dans le milieu criminel
« La critique ».
L’avocat de XBM : maître Martin Fréchette
Av. : Mme Pinsonneault, diriez-vous que
vous êtes une personne critique ?
Mme P. : Très (elle roule ses rrrrr).
Av. : auriez-vous le rôle de critique de
la personne de XBM depuis le typhon qui dévasta l’île ?
Mme P. : Oui, avant aussi d’ailleurs mais
j’étais plus silencieuse.
Av. : Pourriez-vous nous clarifier vos
intentions ? Que cherchez-vous à faire ?
Mme P. : Je vise à le corriger à le
rendre meilleur, alors, il sera plus heureux.
Av. : Mon client maintient que vous le
rendez profondément malheureux par vos critiques. Rendant sa vie plutôt
difficile et l’éloignant du bonheur que vous lui promettez
Mme P. :
(elle semble étonnée et doute tout d’un coup d’elle-même). C’est
vrai ? mmmm. Parfois, je l’ai aidé lui indiquant comment régler un
problème ou changer d’attitude.
Av. Vous évaluez votre taux de réussite à
combien de fois sur 10 ?
Mme P. : 1 fois sur 10, des fois 2.
Av. : Considérez-vous que 10 ou 20% est
un bon taux de réussite ?
Mme P. : Non pour moi, 8 sur 10, c’est
bon.
(Elle se renfrogne, visiblement confuse)
Av. : Merci. Autre question. Quel est
votre emploi ?
Mme P. : Je suis Secrétaire
administrative pour une compagnie de construction.
Av . : Avez-vous des compétences
spécifiques en musique ?
Mme P. : Je suis une grande mélomane. Je
connais les plus grandes œuvres.
Av. : Je reprends ma question :
possédez-vous des compétences spécifiques en musique tel que jouer d’un
instrument, chanter, lire le solfège, harmoniser, arranger.
Mme P. : Absolument pas ! Je chante
mal. Mais je m’y connais en musique !
Mme P. : Ah oui…comment pouvez-vous dire
cela. Bien j’en écoute toute la journée à travers XBM !
Av. : Diriez-vous que vous êtes meilleure que
lui ?
Mme P: Des fois, je le crois ! (Elle rit)
Av. : EXCUSEZ-MOI ! Vous êtes une
secrétaire administrative sans aucune connaissance véritable en musique et vous
vous considérez meilleure que lui ? Ça me semble être une grossière erreur
et une preuve de manque total de jugement. Vous savez que votre emploi ne
demande que très peu de connaissances.
Mme P. : Elle baisse la tête.
Av. : J’ai des questions pour vous.
Aimez-vous votre travail ?
Mme P. : oui, je le fais bien. C’est
plutôt répétitif. Mon patron n’est pas quelqu’un de plutôt inspirant.
Av. : Que faites-vous dans vos
loisirs ?
Mme P. : Je regarde la télé, souvent, je
m’ennuie.
Av. : Votre vie est-elle un peu
morne ?
Mme P. : Oui, je l’avoue ! (Elle
pleure soudainement). J’ai un chat et je suis seule. C’est terrible.
(L’audience est consternée)
Av. : Pourquoi vous intéressez-vous à
XBM ?
Mme P. : Je le trouve très intéressant.
Je crois en lui. Mais il n’est pas à la hauteur de mes attentes. J’aimerais
qu’il soit mieux.
Av. : Mieux comment ?
Mme P. : Plus accompli, plus heureux,
plus simple, plus joyeux !
Av. : Et c’est en le critiquant que vous
comptez l’aider ?
Mme P. : C’est pour lui montrer la voie
du bonheur !
Av. : Vous pensez donc qu’en lui montrant
le malheur actuel que vous êtes en mesure de le diriger vers le bonheur ?
Mme P. : Elle baisse la tête. Je vois que
ce n’est pas très efficace. Mais je ne sais pas quoi faire d’autres.
Av. : Et si vous ne faisiez rien ?
Mme P. : ce serait pire.
Av. : Vraiment ? Comment pensez-vous
que vous pourriez l’aider autrement ?
Mme P. : Je pourrais mettre des sous de
côté pour lui. Je n’ai pas d’héritier !
Av. : Comment voudriez-vous qu’il le
dépense ?
Mme P. : Il devrait s’acheter une
bouteille de Whisky et faire des drinks pour ses amis !
Av. : Vous savez que vous êtes en ce
moment en procès pour harcèlement psychologique continu et aggravé ayant des
conséquences sur la vie psychologique, affective et matérielle de XBM, n’est-ce
pas ? Vous pourriez être condamnée à la déportation à perpétuité
(soulagement), la réhabilitation (déprime), l’exil avec examen des cas à terme.
Mme P. : Non, je ne le savais pas. Je me
rends compte avoir infligé une grande souffrance psychologique à XBM. Je suis
triste, car mes intentions étaient nobles. Je me rends compte aussi que je l’ai
critiqué pour des motifs personnels. J’aurais aimé obtenir de la fierté des ses
accomplissements, mais c’était surtout pour moi-même, car je m’ennuie et je
suis seule.
Av. : Merci, ce sera tout pour
aujourd’hui.
La juge : je vais procéder à l’analyse
des témoignages et verrai à convoquer les témoins si besoin est.
Madame la juge Charbonneau :
Chère Mme Pinsonneault, vu l’état de
restructuration de notre île et vu les dommages et préjudices que vous avez
infligés à la victime, je n’ai d’autres choix que de vous condamner à l’exil
définitif de notre île. Vous devrez la quitter aujourd’hui même. Vos effets ont
été ramassés et on vous a offert un billet d’avion vers une destination soleil
ainsi qu’une rente à vie. Vous n’aurez plus le droit de revenir, ni de
communiquer avec nous par quelque moyen que ce soit.
Cette décision prend effet immédiatement.
Ma sentence à l’exil prend effet maintenant.
Surprise, Mme P regarde à droite et à gauche
et se fait prendre sous les bras par deux gardiens qui l’amènent dans un
fourgon vers l’aéroport. Le fourgon traverse la piste, elle en sort, entre dans
l’avion. Elle salue l’île avec un sourire. Elle semble libérée d’une tâche qu’on
lui avait donnée, sachant que maintenant elle vivra sous les tropiques. L’avion
prend son élan et décolle dans l’azur infini laissant dans son sillage une
trace blanche et une île plus détendue et joyeuse.
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