vendredi 15 avril 2011

Le panda s'agite

Voilà que je marchais sur le chemin du retour avec le panda dans les bras. Puis, il se mit à s'agiter.

Soudainement, il poussa de ses pattes ma poitrine et me regarda d'un air terrifié: tu es là!, les yeux exorbités.

M: Euh, ben oui. Tu as sauté dans mes bras et je t'ai attrapé. C'est clair que "je suis".
Et là le panda essaya de se défaire de mon emprise.

P: mais je ne veux pas être dans les bras de quelqu'un!
M: Ok! mais pourquoi m'as-tu sauté au cou?
P: parce que ça avait l'air confortable!
M: et je ne le suis pas?
p: non, c'est encore mieux que ce que je pensais!
M: alors, où est le problème.
P: mais j'ai peur!
M: de quoi?
P: bien de vouloir rester, que tu m'amènes à un endroit que je ne veux pas visiter,que tu deviennes moins confortable, que je me mette à moins aimer ça, alors je saute et j'arrête maintenant.
M: ouf! t'es rushant! je n'avais rien demandé moi. Et surtout, maintenant, je trouve ta fourrure agréable. Mais je ne sais même pas si j'ai envie de te porter un bout...c'est bien dommage tout cela.
P: oui, mais c'est de ta faute aussi. Tu as voulu me prendre et en plus tu es confortable.
M: bon alors, séparons-nous! C'est pas plus grave. C'est dommage, c'est tout! Ça arrive souvent.
P: non, je vais rester à l'arrière de toi, 50 mètres, je vais faire du bruit pour que tu m'entendes et je vais aussi bouder, comme ça quand tu vas me voir et tu sauras que tu ne dois pas approcher. Je vais aussi des fois laisser un vent pestilentiel.
M: ouache, c'est moche. Tu fais tout ça pour me faire chier?
P: pas vraiment, seulement pour que tu gardes tes distances.
M: et si je me mets à courir, qu'arrivera-t-il?
P: je courrai aussi vite.
M: si je décide de te crier après et de t'attaquer?
P: je vais te supplier d'arrêter
M: y a-t-il une solution à ce problème con?
P: oui que tu me tondes; j'aurai tellement froid que je n'aurai plus le choix de vouloir être dans ton cou.
M: et je pourrais te tondre et te laisser!
P: ne fais pas ça! je serais si triste!

Le panda grimpa sur ma jambe se lova dans mon cou et nous continuèrent la marche.

jeudi 7 avril 2011

À la fenêtre

Je me suis souvent plaint du peu de visites à la fenêtre de ma maison. Cette maison que j'habite seul, j'en ai souvent senti les volumes, les espaces, connu les détails du plancher, la variation dans l'opacité du verre qui compose les fenêtres, la qualité de la lumière franche de janvier et modulée de juin. Le paysage de la Lande, le puits au fond de la cour et inévitablement la cohorte d'hommes nus qui courent en cercle autour de celui-ci. Mais de toute chose qui dure sans variation, l'on se lasse.

Évidemment, la meilleure façon de modifier l'existence, c'est l'Action. Lancer une roche dans l'étang cosmique et les rayons concentriques finissent par se déployer à l'infini. Mais convenons-en: lancer une roche dans un étang peut être une entreprise vaine, inutile.

Fort souvent de la fenêtre, j'ai lancé ces roches dans l'espoir que les choses changent; investissant dans l'action pour que l'univers se transforme. Mais force fut de constater que le paysage restait inchangé, nonobstant l'accumulation de roches non loin de la fenêtre.

Mais un matin de novembre les choses changèrent, il y eut d'abord un noble anglais avec son précieux lainage et sa rhétorique de pacotille; suivit ensuite l'explorateur des mers pacifiques, sa collection de carapace de tortues et sa veulerie caché dans un sac Yves Saint-Laurent; pour terminer avec le grand Héros des bandes dessinés au muscle d'airain et la bitte de bronze. Il avait aussi une rhétorique de pacotille, mais elle était plus longue à déceler. Au moins, il avait le mérite de le reconnaître. Ce pourquoi je l'aimai.

Bref, tout cela pour dire que de lancer des roches ne servit à rien. Mais pourquoi depuis novembre tout changea, que fis-je pour recevoir de si nombreuses visites?

La réponse est simple: on a construit un aéroport sur l'île et un hôtel qui permet aux nobles de l'extérieur de venir séjourner ou faire des affaires. Je n'y suis pour rien et dans une certaine mesure, cela m'en rend presque plus reconnaissant.

Hosanna au plus haut des cieux.

lundi 4 avril 2011

Le panda saoul

J'ai fait une longue marche dans un territoire inexploré de l'île.
Je me suis mis à m'enfoncer dans une forêt épaisse de résineux et le sol se mit à monter. L'aventure était ardue, mais le paysage en valait la peine. Des hauts rochers s'élevaient du sol et un parfum de terre mouillée et acide s'élevait dans l'air. Plus loin, je dus me frayer un chemin dans un taillis épais de bambou.

M: Merde! c'est la Chine sur l'île!

J'étais très étonné de découvrir ce nouveau paysage sur mon île. Après plusieurs heures de marche, je me rendis compte que j'étais à la fois loin de chez moi et affamé. Je m'arrêtai.

Puis, j'entendis un frémissement dans un arbre tout prêt. Il y avait sur une branche un Panda assis, une bière à la main. Je m'approchai pour mieux voir ce que je croyais être une hallucination, mais en me voyant m'approcher le panda s'agita un peu et me dit juste avant de se lancer dans le vide: prends-moi.

Je l'attrapai, il se lova dans mon cou et je continuai ma route.