jeudi 15 décembre 2011

La détresse de Terese

Terese est fatiguée.
Elle est à son bureau, elle regarde la pluie tomber.
Elle sait moins clairement quelle est sa prochaine étape.
En fait, elle a besoin d'aide.
Mais, vous ne le saviez pas, elle a un mari. Un monsieur allemand un peu gros, jovial, au portefeuille bien garni, très heureux et joyeux. Léger, rieur! Il est arrivé dans le bureau avec son gros danois, mofa le chat a craché et le danois a échappé un filet de bave sur le félin hérissé et dégoûté.
Il a pris Terese dans ses bras et elle s'est mise à sangloter.
"Là, là; c'est fini". J'ai un rôti de porc et un gewurtz.
Après, je vais te prendre par derrière. Elle a cessé de pleurer et s'est assise en silence.

vendredi 25 novembre 2011

Résumé d'automne

Finalement,

Très peu de gens sont venus rencontrer Terese. Il y a bien Satan qui est venu en trombe dans son bureau, l'invectivant de mille noms, rouge, encore plus rouge que d'habitude, cramoisi donc, pour lui rappeler l'ineptie de ses choix, la myopie de ses visions, le delirium tremens de ses pronostics, mouches à l'appui. Elle a sorti le petit tailleur bleu du placard, l'a empoigné par la verge (érigée) et lui ai dit: calme-toi. Ses yeux s'écarquillèrent et il s'assit sur le sofa.

"Je t'envoie à Toronto. En ambassade."
Il se tut, prit une mine renfrognée et quitta son bureau.

Wow, sagt Sie, das war einfach!

Puis, finalement, après le passage d'Adriana Gourd, le ciel s'éclaircit de nouveau et chacun se détendit. La panique a cédé.

Terese médite toujours dans son bureau, attentive à ne pas accepter des offres véritablement porteuse pour son île. En fait, elle médite une véritable transformation. Mais son imagination n'est pas encore limpide et vive;  elle préfère la sage gestation à l'action immodérée.

samedi 15 octobre 2011

La Sorcière Xerox

Elle est arrivée sur son Balai dans un habit de soleil, de lune et de frange noire. Elle s'est posée sur le sol, a ouvert une petite photocopieuse portative et un jet de lumière aveuglant a inondé l'île, enivrant le ciel, cuisant les bâtiments, purifiant l'air. Elle leva les bras, le balai dans la droite et la photocopieuse dans la gauche et cria "Fuck you all, la terre et le ciel, les hommes et les crapauds, Sôniâ, la sorcière Xerox a parlé". J'étais plutôt surpris. Bien fait! lui dis-je. I know, she said. Elle est partie dans l'île se promener. Elle semblait avoir une liste de chose à faire. Le fantôme d'Adriana Gourd avait disparu.

vendredi 14 octobre 2011

Le fantôme d'Adriana Gourd

Elle est arrivée en août dans le ciel brillant de ses dix mille feux, cachant le soleil de sa grande robe d'opéra, mélange nuit sombre et lune d'argent, déposant le gris et l'indistinct sur toute chose. Enfin, pas tout, mais des fois, un peu, ou souvent, ou pas, ça dépend des jours. Feu le ministre des Crises et Catastrophes est de retour. Madame Gourd ayant chanté sur toutes les scènes d'Europe. Elle est là comme un pet qui colle, difficile à chasser. Elle tourmente tout un chacun de sa peur viscérale. Disant des mots qui font peur à l'oreille, étendant la vue du pire dans la conscience de chacun, créant mille ponts plus périlleux les uns que les autres à traverser, ponts que finalement, on ne traverse jamais, ou rarement, ou même lorsqu'on les traverse, ils ne ressemblent en rien à ce que l'on s'était imaginé. Bref Adriana Gourd is back. Et elle m'emmerde. Personne n'a encore rien fait. Même pas Terese. Elle est si occupée à la restructuration de son île qu'elle la laisse faire. La dernière fois où elle m'avait fait autant royalement chier, je lui avais parlé dans le casse. Durement. Je l'avais dégradée au simple rang de député du banc et elle s'était tue de peur d'être muselée pour toujours et à jamais Amen. Mais maintenant qu'elle est bien morte, qu'elle n'est qu'un fantôme, une merde issue du passé, que faire? quelques indices: un exorcisme? peut-être, mais il n'y a pas de prêtre sur l'île. Elle a besoin d'une scène, s'emmerde au royaume des morts? Possible. Elle veut nous aider mais s'y prend mal? Classique et à creuser. Une grosse machine à vent activée par un pompier torse nu. Pas mal! Je vais lui parler, mais pas maintenant. Mon Dieu que j'ai hâte qu'elle quitte.

jeudi 13 octobre 2011

Terese à elle-même.

Dans son magnifique bureau, moitié épuré, moitié rococo, Terese, sur du papier parchemin vélin, écrit.

Elle regarde au loin, un point flou dans son bureau ou encore à travers la grande baie vitrée qui donne sur l'île. Parfois, elle soupire. Elle prend manifestement son temps pour laisser les mots justes poindre de sa conscience, se matérialiser, prendre du relief, du grain et finalement, se liquéfier et sécher sur du papier coûteux.

...j'ai pris une décision difficile qui ne plaît pas pour le moment à tout le monde. Ils ont une très grande confiance en moi et moi, en moi-même. Ce n'est pas tant l'issue de mon choix (j'y arriverai, je suis convaincue, je n'ai aucun doute) qui m'inquiète que l'atmosphère générale du moment et la détresse cachée de plusieurs.

Oui, l'an passé, il y avait de l'activité dans les rues, des clowns, des enfants qui courent, du commerce, mais aussi, de la saleté, un perte de contrôle et une frénésie que je ne voulais pas voir s'installer et devenir la réalité de notre île. Quand j'ai su que les Soeurs du Commerce voulaient s'installer et leur puissante institution déménager parmi nous, que les Hare Krishna du bout de l'île considéraient consolider leurs acquisitions, je me suis dit: ouste, on bâtit sur du solide et on devient une capitale respectable, avec Musée, Salle de concert, Restaurants, Banques, Bourse et tout le tralala. Mais d'un coup, après mon édit, les rues se sont vidées, l'île est devenue triste, les habitants balayant ce qu'il n'y a pas à balayer, réparant ce qui peut attendre. Je ne m'en veux pas, je ne suis pas fan des regrets, mais j'aurais pu (aurais-je?) faire autrement.

Ai-je des regrets? Peut-être est-ce cela le problème? D'avoir mis mon île dans quelque chose de semblable à un passé honni, d'avoir créé un enfer? (soupir)

Bref, c'est moi qui ai pris cette décision, c'est à moi d'offrir aux habitants de l'île ce qui les rend heureux. Mais en suis-je capable par ma seule force? (soupir)

Certes pas. Ils doivent m'aider eux aussi. Et le vent du changement doit souffler de mon côté. Et ce vent m'aime tellement qu'il viendra me visiter.

mardi 11 octobre 2011

La fête

Les habitants de l'île se sont levés ce matin et il y avait une grande fête d'organisée pour eux. Une grand estrade en bois parée de tissus et de papiers de couleur, des guirlandes reliant les bâtiments entre eux, des amuseurs publics, des clowns, des chiens déguisées en femmes, des chats en diable et même une gigantesque pieuvre avec un chapeau de fête sur la tête et un cigare (mouillée) dans une tentacule.

In-cro-ya-ble.

Les habitants réalisèrent que Terese avait organisé ça pour eux et surement d'elle-même durant la nuit.

Elle prit le pied du micro dans sa main et elle dit: bienvenue à la fête de l'oisiveté!
Aujourd'hui, ne faites rien qui vous ennuie, soyez heureux, faites confiance à la vie. Elle sourit et Grace entonna voi che sapete avec un petit orchestre d'instruments cabossés.

Sur une pancarte en retrait, posée sur un lutrin de bois était écrit: consultation personnelle et privée avec TvW; écrivez votre nom.

Ahah! C'était donc ça!

lundi 10 octobre 2011

Le souffle

Voilà ce que Terese a fait.
Un grand ménage. Pour faire de la place. Pour que de nouvelles entreprises s'implantent. La foi, la certitude, l'ambition.
Exit les touristes. On vide des bâtiments, on nettoie les rues, on jette ce qui ne sert plus.
Maintenant, c'est plus silencieux. Les habitants sont un peu déprimés. On attend les bonnes nouvelles et on doute un peu. Les gens baisent aussi en cachette pour se donner de la joie. Ils font des fêtes dans les palais vides. On se promène aussi en nature. On fait de la musique à l'impromptu, on échange, on discute. Et bon, il fait beau. Mais il faudrait qu'il y ait un peu plus d'énergie qui vienne de Terese, qu'elle vienne encourager les troupes, dans certains domaines, leur dire qu'ils font du bon travail. Elle le fera. Elle-même croyait que les investissements seraient plus rapides. Elle doit s'ajuster. Mais de l'argent, il y en a tout le temps et des fois beaucoup.

Terese a la foi. Elle sait qu'on va y arriver.

vendredi 29 juillet 2011

Iron in the silence of your song

I have met an architect with wings.
Was it unexpected?
I shouldn't know.

The wings of a dragonfly, no feather, only steel and silver. Delicate and strong.

I don't know where I met him.
I usually (don't) meet people in this slender house of mine, in the middle of the low-lands where dragonflies meets and breeds. The light is pale and feels like fresh water down your throat, but only a little water, so you don't cough. The light is pale and the house light, white. But I didn't met him there.

I met him somewhere else. Maybe in the crazyness of someone else's mind, as irrelevant as it can be. Maybe through randomness or again, by a crack of light pouring out of the shell of life.

The story is that we met. In a new space, a space I didn't know before.
And this space was filled with marvels, surprises, confrontation, acceptance.
Laughters, cats on pianos, dead corpses of soldier, sweat, shivers, silences of steel and silver.

And the lust to be more and more and more and more.

Looking at the difference through the eyes of enlighthnment and being more at sniffing the coke of your soul. Or icing sugar, right?

In my personal history, the long history of my family, this is the equation: love=same.
So much BS. I knew it before, but now I know it for sure, that I love you especially because you are not me and should I specify because you are beautifully you.

Metal-winged architect. C'est toi.

lundi 2 mai 2011

L'abandon de Narcisse

Une nuit où il faisait froid et où mes muscles criaient de la douleur de porter le panda, je me suis dit:" ça ne cessera pas; J'ai envie d'être libre et léger".
Je l'ai arraché à mon cou, c'était dur, mais pas impossible. Il a grogné, mais était trop fermement endormi, alors je l'ai laissé sur une souche, ai embrassé sa truffe et je me suis enfui en sanglotant. Plus j'avançais et plus ma tristesse disparaissait, laissait place à légèreté qui préalablement m'habitait.
OUF!

vendredi 15 avril 2011

Le panda s'agite

Voilà que je marchais sur le chemin du retour avec le panda dans les bras. Puis, il se mit à s'agiter.

Soudainement, il poussa de ses pattes ma poitrine et me regarda d'un air terrifié: tu es là!, les yeux exorbités.

M: Euh, ben oui. Tu as sauté dans mes bras et je t'ai attrapé. C'est clair que "je suis".
Et là le panda essaya de se défaire de mon emprise.

P: mais je ne veux pas être dans les bras de quelqu'un!
M: Ok! mais pourquoi m'as-tu sauté au cou?
P: parce que ça avait l'air confortable!
M: et je ne le suis pas?
p: non, c'est encore mieux que ce que je pensais!
M: alors, où est le problème.
P: mais j'ai peur!
M: de quoi?
P: bien de vouloir rester, que tu m'amènes à un endroit que je ne veux pas visiter,que tu deviennes moins confortable, que je me mette à moins aimer ça, alors je saute et j'arrête maintenant.
M: ouf! t'es rushant! je n'avais rien demandé moi. Et surtout, maintenant, je trouve ta fourrure agréable. Mais je ne sais même pas si j'ai envie de te porter un bout...c'est bien dommage tout cela.
P: oui, mais c'est de ta faute aussi. Tu as voulu me prendre et en plus tu es confortable.
M: bon alors, séparons-nous! C'est pas plus grave. C'est dommage, c'est tout! Ça arrive souvent.
P: non, je vais rester à l'arrière de toi, 50 mètres, je vais faire du bruit pour que tu m'entendes et je vais aussi bouder, comme ça quand tu vas me voir et tu sauras que tu ne dois pas approcher. Je vais aussi des fois laisser un vent pestilentiel.
M: ouache, c'est moche. Tu fais tout ça pour me faire chier?
P: pas vraiment, seulement pour que tu gardes tes distances.
M: et si je me mets à courir, qu'arrivera-t-il?
P: je courrai aussi vite.
M: si je décide de te crier après et de t'attaquer?
P: je vais te supplier d'arrêter
M: y a-t-il une solution à ce problème con?
P: oui que tu me tondes; j'aurai tellement froid que je n'aurai plus le choix de vouloir être dans ton cou.
M: et je pourrais te tondre et te laisser!
P: ne fais pas ça! je serais si triste!

Le panda grimpa sur ma jambe se lova dans mon cou et nous continuèrent la marche.

jeudi 7 avril 2011

À la fenêtre

Je me suis souvent plaint du peu de visites à la fenêtre de ma maison. Cette maison que j'habite seul, j'en ai souvent senti les volumes, les espaces, connu les détails du plancher, la variation dans l'opacité du verre qui compose les fenêtres, la qualité de la lumière franche de janvier et modulée de juin. Le paysage de la Lande, le puits au fond de la cour et inévitablement la cohorte d'hommes nus qui courent en cercle autour de celui-ci. Mais de toute chose qui dure sans variation, l'on se lasse.

Évidemment, la meilleure façon de modifier l'existence, c'est l'Action. Lancer une roche dans l'étang cosmique et les rayons concentriques finissent par se déployer à l'infini. Mais convenons-en: lancer une roche dans un étang peut être une entreprise vaine, inutile.

Fort souvent de la fenêtre, j'ai lancé ces roches dans l'espoir que les choses changent; investissant dans l'action pour que l'univers se transforme. Mais force fut de constater que le paysage restait inchangé, nonobstant l'accumulation de roches non loin de la fenêtre.

Mais un matin de novembre les choses changèrent, il y eut d'abord un noble anglais avec son précieux lainage et sa rhétorique de pacotille; suivit ensuite l'explorateur des mers pacifiques, sa collection de carapace de tortues et sa veulerie caché dans un sac Yves Saint-Laurent; pour terminer avec le grand Héros des bandes dessinés au muscle d'airain et la bitte de bronze. Il avait aussi une rhétorique de pacotille, mais elle était plus longue à déceler. Au moins, il avait le mérite de le reconnaître. Ce pourquoi je l'aimai.

Bref, tout cela pour dire que de lancer des roches ne servit à rien. Mais pourquoi depuis novembre tout changea, que fis-je pour recevoir de si nombreuses visites?

La réponse est simple: on a construit un aéroport sur l'île et un hôtel qui permet aux nobles de l'extérieur de venir séjourner ou faire des affaires. Je n'y suis pour rien et dans une certaine mesure, cela m'en rend presque plus reconnaissant.

Hosanna au plus haut des cieux.

lundi 4 avril 2011

Le panda saoul

J'ai fait une longue marche dans un territoire inexploré de l'île.
Je me suis mis à m'enfoncer dans une forêt épaisse de résineux et le sol se mit à monter. L'aventure était ardue, mais le paysage en valait la peine. Des hauts rochers s'élevaient du sol et un parfum de terre mouillée et acide s'élevait dans l'air. Plus loin, je dus me frayer un chemin dans un taillis épais de bambou.

M: Merde! c'est la Chine sur l'île!

J'étais très étonné de découvrir ce nouveau paysage sur mon île. Après plusieurs heures de marche, je me rendis compte que j'étais à la fois loin de chez moi et affamé. Je m'arrêtai.

Puis, j'entendis un frémissement dans un arbre tout prêt. Il y avait sur une branche un Panda assis, une bière à la main. Je m'approchai pour mieux voir ce que je croyais être une hallucination, mais en me voyant m'approcher le panda s'agita un peu et me dit juste avant de se lancer dans le vide: prends-moi.

Je l'attrapai, il se lova dans mon cou et je continuai ma route.