jeudi 31 janvier 2008

Un enfer personnalisé

Ça fait longtemps que j'y pensais: m'acheter un lopin de terre en enfer. Savez-vous qui j'y mettrais? Sûrement plein de gens. Mais ce serait plutôt un enfer à sécurité minimum. Juste pour les cons. Je laisse les meurtriers et les pédophiles aux autres. Juste les épais, ceux qui prennent toute la place à la machine à photocopier, qui passent en avant des autres en file, qui traversent à la lumière rouge, les gens pour qui tu te fends en 4 et qui te lâche à la dernière minute, ceux qui te font subir leur névrose, les pas fiables et les manipulateurs. Les osties de cons, quoi.

Ce serait un gros trou avec de la bouette dedans et un feu où brûle un pneu. Il y aurait des vieux labradors qui puent des oreilles, de l'haleine et qui pètent à qui mieux mieux. Une sélection musicale alternant Mario Pelchat, Webern, Gabriel des3maisons et Radio Classique Montréal (les meilleures annonces en rafale!) distillerait son venin. On plucherait des patates et on repasserait des chemises sales à longueur de journée.

Et puis, Satan Brossard pourrait utiliser sa créativité pour développer de nouveaux sévices toujours plus raffinés et sournois. Bien adaptés à la personnalité de chacun des damnés.

Ahhhhh! Oui, ça me libérerait!

mardi 29 janvier 2008

Un orage de poulets

Personne ne s'y attendait: il s'est mis à pleuvoir des poulets sur l'île... Une chose bien surprenante et inconvenante: les poulets tombent du ciel et saccagent tout sur leur passage. Même le toit de la chapelle est tout bossé; Adrianna Gourd en a même reçu un sur la tête, le bec lui est entré dans le cuir chevelu et ça c'est un peu infecté. C'est déjà le troisième orage de poulets cette année et les gens de l'île commencent à en avoir marre. Ça fait toujours la même chose: le ciel se couvre très rapidement et ensuite les poulets tombent. Ça dure quelques jours et puis ils disparaissent comme par enchantement, mais ça laisse des traces et les habitants de l'île craignent le retour de l'orage; devoir reconstruire, solidifier et sans garantie contre la prochaine intempérie.

Pourquoi pleut-il des poulets??? Mmm. Bonne question. Les poulets volent en groupe, puis à un certain moment, il y en a un qui a une idée et il dévie de sa course et puis cogne un autre poulet qui a une autre idée et puis tous les poulets s'entrechoquent et tombent. Mais les poulets savent bien que les gens de l'île sont pacifiques et patients, sinon ça fait longtemps qu'ils voleraient mieux en groupe ou encore qu'ils s'écraseraient sur une autre île.

Et si j'étais un poulet, moi je ferais bien attention, car les habitants de l'île ont bien envie d'une bonne grosse batch de coq au vin, faite en famille...les congélateurs sont vides.

Pot pot pot!

dimanche 27 janvier 2008

Satan dis JE

Satan se lève et regarde. Il cherche ce qui va attiser son désir. Tel beau garçon à la structure charpentée, frêle ou robuste; telle femme à la poitrine voluptueuse, à la croupe facile à attraper pour mieux pénétrer et faire jouir. Adolescents, adolescentes, femmes mûres, jeunes mères, artiste malingre, homme fort et fluet, il s'agit d'un détail, un rien pour attiser sa convoitise.

Satan brille des yeux et se dirige, fend.

"Viens que je prenne possession de ton corps et de ton âme, pour que haut et fort, tu cries JE dans une agonie de plaisir et de douleur qui te confirme. Laisse-moi te faire être plus. Salope."

Voici le chant de Satan. Satan Brossard bien évidemment.

jeudi 24 janvier 2008

La mort du roi

En fait...personne n'avait su comprendre assez tôt. Tous les habitants de l'île s'étaient réunis dans la petite chapelle autour du roi qui gisait sur l'autel. Personne ne savait que faire de ce monarque possédé du mal. Ils avaient convenu que le meilleur traitement eût été un exorcisme, mais personne de l'île n'était habileté à le faire. Aucun prêtre n'y habitait (bien que l'île possédât une chapelle, un presbytère flou et une cathédrale en construction) et n'y officiait. Personne ne désirait non plus la venue d'un ecclésiastique dans l'île, trop heureux et fiers de leur indépendance d'esprit. Chacun y alla de son mot sur le roi.

Terese Von Wartburg: Il n'a su accomplir toute sa richesse et sa grandeur.

Satan Brossard (qu'on avait couvert, tel un spectre de pacotille, d'un voile blanc pour pénétrer dans la chapelle) : C'était un homme bon, injustement possédé par le mal.

Gontran, chevalier: C'était mon roi.

Princesse: (à part elle) Il m'avait été promis...

Jean Courtemanche, entrepreneur: Tant de projets, et sans descendance. Je suis triste pour le roi.

Ils se regardèrent tous dans les bancs de la Chapelle et comprirent qu'ils n'étaient pas réunis autour du roi pour trouver un remède à son mal, mais pour faire son oraison funèbre et assister à sa mort. Ils joignirent les mains et le silence du deuil emplit la chapelle. Après un moment, chacun sortit à son gré.

Seul Brahma Ménard était resté dans un coin, silencieux et attentif.

Plusieurs minutes passèrent, l'air était chargé d'un épais silence, un silence de velours dans lequel on se frotte et se prélasse. Brahma se leva et se dirigea vers le monarque assoupi. En effet, bien que les habitants de l'île avait conclu à sa mort, son corps, lui, vivait toujours. Il s'approcha de l'autel et contempla le monarque dans sa noblesse et sa majesté.

Il s'agenouilla près de lui et lui murmura; majesté, maintenant, réveillez-vous, vous devez libérer votre coeur avant de nous quitter. Il toucha son épaule et le roi ouvrit les yeux et tourna la tête. Il tendit la main vers la figure de Brahma.

"Brahma, en vain j'ai tenté d'exister. J'aurais voulu que ma grandeur s'accomplisse, j'aurais voulu régner et que ma bonté s'épanouisse. Mais ce ne sera pas. Je suis attendu ailleurs et mon mal sera ma mort. En exil, je suis parti et pour mourir, je suis de retour. Ni ici, ni ailleurs est mon royaume: je n'ai rien sur quoi régner. Voilà ma fin. Je suis un roi sec, un roi sans descendance et pour cela je dois mourir. Je dois partir pour laisser la place à ce qui est et cesser de prendre la place de ce qui devrait être et ne sera pas."

Il s'approcha de moi et me baisa sur la joue, raconta Brahma. Je sentis sa grandeur et son amour me pénétrer. Je lui dis: Majesté, votre grandeur, votre amour et votre souvenir vivront à travers nous.

Il regarda le plafond de vitrail au-dessus de l'autel et son regard s'illumina, attiré par la danse des couleurs et le chatoiement des tons. Il dit: Qu'il en soit ainsi.

Ses paupières se fermèrent et son existence entama son decrescendo tranquille. Une note d'orgue vibra et un enfant entama de longues volutes cristallines, mélismes intriqués qui accompagna l'âme du défunt dans l'au-delà.

Tel fut la fin de notre roi.
L'île la pleure.

Amen.

mardi 22 janvier 2008

Le roi errant

Il fait noir dans la Chapelle. Le Roi est couché sur l'autel et respire bruyamment. Parfois, il se met à gémir et son corps tressaille. Personne ne saurait dire de quel mal il est atteint: il est là depuis quelques temps et son état reste le même. En fait, il est plus calme. La princesse qui lui rend visite et le veille peut en témoigner. Elle le fait boire, lui parle, le lave, ajuste ses vêtements et s'assure que tout autour soit propre. Il est souvent très calme, respirant profondément, mais parfois son esprit semble s'animer, mais rien n'est décodable pour ceux qui le voient. Ses yeux ne s'ouvrent pas et sa bouche reste muette.

Parfois, une voix s'élève, un garçon dans le jubé chante. Aigüe et pure la voix s'élance dans le ciel et rassérène le roi tourmenté.

Combien de temps restera-t-il dans cet état?
Qui ou quoi réussira à le sortir de sa torpeur pour le ramener au monde des vivants, pour que la parole opère et que le cœur s'ouvre?

dimanche 6 janvier 2008

Le problème avec Terese

Le problème avec Terese, c'est qu'il est difficile de lui offrir ce qu'elle désire. Exigeante, impatiente, luxueuse: elle aurait besoin d'un environnement que, pour l'instant, je ne peux lui offrir. Ça fait un bout qu'elle ronchonne et là, elle en a marre. Elle veut spéculer, créer, dominer, bâtir, établir... et tout ce qu'elle trouve, ce sont des miettes, des perspectives bouchées pour son grand rêve et de la frustration à en revendre. Elle sourit bien sûr, parce que c'est une grande dame, mais à l'intérieur, ça bout et ça se désole. Elle commence même à me dire qu'être un artiste, c'est une option. Elle n'en était jamais venu à ce point.

Le problème, c'est que MOI, c'est que je veux faire. J'aime ça étendre mes idées comme une voile sur l'océan, créer des mondes, et des fois, les faire exister. J'aime que mon imagination brasse la matière et les pensées, révolutionne humblement le monde et les esprits. J'aime ça le dire aux autres. C'est ça que j'aime. Ce n'est pas compliqué.

Mais Terese souffre, elle en a marre. Du coup, moi aussi. Je pense qu'elle serait beaucoup moins chiante si elle pouvait s'exprimer, si je lui en donnais les moyens. De toute manière, il ne sert à rien de nier les membres de son C.A. et leurs aspirations légitimes. Comme pour Satan Brossard, diable et Adrianna Gourd, chanteuse d'opéra, je devrai trouver un moyen de panser sa souffrance et finalement, lui donner les moyens de son action. Mais comment?

vendredi 4 janvier 2008

L'enfance de Terese

De multiples hypothèses entourent l'enfance de Terese von Wartburg : certains commentateurs retracent une naissance de basse extraction, enfant issue des faubourgs de Dresde, d'un milieu banal et d'une famille sans couleurs ; d'autres vont même jusqu'à supposer que son ambition démesurée et son impérieux sens de l'industrie aient été une réaction à un milieu pauvre de moyens et de stimulation culturelle ; les biographes les plus avides attribuent la genèse de TvW à une prostituée de Hambourg et d'un marin estonien (Ironiquement, elle aurait répliqué à ce commentaire : "Voilà pourquoi à choisir je préfère être au-dessus qu'en dessous...") ; des sources plus crédibles, mais non-vérifiées, attestent que TvW serait née d'un père hollandais et d'une mère juive disparue lors de la deuxième guerre mondiale (À quoi elle répond : "J'aurais les deux tares nationales ! Avare et... avare!") ; quant aux suppositions de noblesse bavaroise catholique, elles semblent cadrer avec le personnage et son statut, mais les bombardements de S. en 1943, dont Terese se dit originaire, ont effacé toute trace des registres baptismaux ("Un coup de pouces des alliés !").

Force nous est de constater que l'enfance de TvW demeure mystérieuse. Lorsque l'on tente d'aborder le sujet avec elle, elle sourit et répond : "A-t-on réellement besoin de savoir de quel métal précieux ou de quel fumier proviennent les pigments de Leonardo ou de Michelangelo pour pouvoir admirer leurs oeuvres, dites-moi, vraiment ?"

jeudi 3 janvier 2008

Groin, le sanglier

Enfourchez le sanglier du changement!
Bien que vous fussiez chargés de scories et de miasmes, il saura vous amener à bon port!
C'est simple: vous n'avez qu'à vous accrochez à ses défenses et à vous lover sur son dos.
L'avantage d'avoir le rhume, c'est de ne pas sentir son odeur de musc, de racines et de champignons pourris. On trouve des avantages à tout!

Groin, groin, groin...

mercredi 2 janvier 2008

Terese Von Wartburg

Terese Von Wartburg,
Nouvelle membre de mon C.A. vous souhaite une bonne année.
Comme à elle-même, elle vous souhaite de la facilité, des offres ahurissantes, beaucoup d'argent et une dose considérable de mépris, pour tout ce qui n'est pas platine, or ou argent.
C'est derrière son porte-cigarette Klaussmann 1923 qu'elle hausse le sourcil en un mouvement-réflexe, aux usagers du transport en commun, à Hochelaga-Maisonneuve, à la qualité de la langue et aux magasins à un dollar.
Rien de mieux que du caviar sur des blinis en sifflant un champagne rosé Forget-Brimon!
"Sortez de votre médiocrité, ou n'apparaissez pas" aurait-elle dit lors du passage de 2008.

Ses multiples sorties ont troublé le modus vivendi de mon C.A. et ses frasques augurent plusieurs tensions internes pour 2008.
Parmi ces dits des derniers jours notons:
"Je suis épuisée que la réalité ne se conforme pas à mes souhaits"
"À quoi bon vivre à l'étroit"
"Ce qui m'entoure n'est pas cohérent avec la fibre qui m'habite"

Terese vous salue (et pourrait vous détester)!