jeudi 25 avril 2013

Un char rouge

Je me suis décidé. J'ai acheté un char rouge.
J'étais tanné de marcher avec mon sac à dos, les jambes douloureuses, de me ramasser dans le milieu de l'océan à nager. J'ai acheté un char. Pour que ce soit plus confortable. Pour aller où je veux.Pour ne pas être pogné sous la pluie, au soleil brûlant, devant un ours.

Mon char rouge a aussi une place. Comme ça Shannon peut venir quand je m'ennuie. Il peut amener aussi son chien bizarre qui fume des cigares.

Le voyage sera plus agréable. Au yable la dépense. Je suis tanné de rusher.
Ce sera tout de même une voiture électrique, car polluer, c'est mal.

dimanche 21 avril 2013

Édit

La nouvelle fut accueillie avec indifférence et soulagement.

Édit:

Le conseil d'administration de l'île décide de terminer le bail de l'ISS. L'ISS a 1 mois pour libérer les lieux et quitter l'île-ou bien se rendre sur un endroit reculé et abandonné de l'île où ils ne seront ni vus ou entendus.

Le conseil d'administration de l'île décide de créer un institut des Beaux-arts qui devra enrichir la vie artistique des îliens et former leurs aptitudes artistiques. Plusieurs départements seront créés (musique instrumentale et vocale, direction d'orchestre, clarinette et musique de chambre, danse, architecture, peinture). Les musiciens y seront très compétents et formés, bien payés. Ce sera un lieu où la beauté, la créativité et la richesse seront nourries et où les productions artistiques seront puissantes et denses.

L'Académie ouverte des Beaux-Arts vient de naître.

-----------------------

Très rapidement, en un chant murmuré, les enfants de l'ISS et son personnel sont sortis sur la pointe de leur pied et en file vers un endroit non-cartographié de l'île (ou sur un navire, qui sait) pour ne plus jamais revenir.

Terese, hors du bâtiment, dit alors: qu'on fasse le nécessaire.

lundi 15 avril 2013

La machine à tchoper.

Elle est là. Elle hurle. La machine à tchoper.
Elle circule sur l'île. C'est un moulin avec une face qui hurle. Sur les branches du moulin, un rasoir qui fauche. Elle s'approche des gens en hurlant, elle crie. Elle les terrifie. Ce n'est pas vraiment la critique, mais la méchanceté. L'envie de détruire. L'envie que la vie ne soit pas là. L'envie que les projets n'existent pas. C'est une genre de mécanique qui ne sert qu'à être malheureux. Elle ne finit jamais par attaquer personne parce qu'elle est trop lente et elle se nourrit de la peur des îliens.

Un jour, ils se sont simplement tannés. Ils se sont regroupés pour en parler, puis ils ont pris des outils. La machine à tchopper poursuivait une vieille femme et criait. Ils sont arrivés par derrière et ils ont bloqué ses roues. Le moulin à rasoir de la machine se mit à tourner plus rapidement et le hurlement monta en hauteur et en raucité: aarrraaarrrggggaaaaarrrrrrssssshhhhhhhhssssss.

Puis un des gars prit une barre en fer et la planta entre les pales acérés du moulin. Il ne restait plus que la voix qui montait et montait, stridente. Il y avait aussi ses yeux paralysés qui tentaient de se mouvoir impossiblement.

Un des gars dit alors: laissons là avoir peur un peu elle aussi avant de disparaître pour de bon. Ils commencèrent par les boulons en bronze qui fixaient les 3 roues. 6 boulons de bronze brillant, presque de l'or, qu'ils mirent dans un petit zip-loc à la fermeture rouge. Le ziploc ensuite placé sur un chariot à roulette.

La peur a peur.

Ensuite, les 3 roues et de petits cylindres de métal dans lesquelles s'inséraient des tiges.

3 roues en bois, ronde et ciselées; 3 petits cylindres métalliques; 3 tiges cannelées.
Sur le chariot à roulette.

La voix se tait. Les yeux se fixent.

Ensuite, les gars prennent une bière et le soleil sort des nuages. Ils rient.

Puis, ils s'approchent délicatement des 6 lames acérés qui ceignent l'horrible figure grimaçante de la machine à tchoper. Comme un tournesol d'acier entourant une figure désolée. Ils prennent des pinces, saisissent une extrémité et un des gars plus jeune et moins expérimenté qui use du tournevis pour déloger la lame du cadre en bois. 2 vis par lame. 12 vis.

6 lames, 12 vis. 6 lames attachées par une ficelle. 12 vis dans un ziploc plus petit, aussi avec la fermeture rouge.

Il ne reste que du bois. Et du coton. Il y a deux yeux aussi. Un peu humide. C'est triste.

Il ne reste plus que les deux tiges qui servaient aux roues latérales, puis la tige qui supportait la roue arrière.

Le cadre-son corps-, un cercle-sa tête-, les 6 pales qui soutenaient les lames-son auréole- puis les yeux.

1 tige, 1 vis, 1 tige, 1 vis, 1 tige, 1 vis. 6 pales, 6 vis. Un cercle de bois, le moyeu qui le maintient à la tige principale, une tige, un essieu pour que tout cela tourne.

Et puis, les yeux ont disparu. Psht. Dans l'air pur avec un petit bruit et une senteur de pet très acide-vitriolique. Pling, une cenne noire qui tombe étrangement dans le gazon.

6 boulons de bronze brillant
3 roues en bois, ronde et ciselées; 3 petits cylindres métalliques; 3 tiges cannelées.
6 lames, 12 vis. 6 lames attachées par une ficelle. 12 vis dans un. 1 tige, 1 vis, 1 tige, 1 vis, 1 tige, 1 vis. 6 pales, 6 vis. Un cercle de bois, le moyeu qui le maintient à la tige principale, une tige, un essieu.

Dans des contenants appropriés. Sur un chariot à roulette.
La machine à tchoper est défaite et elle git, rationnellement, en pièces détachées, sur le chariot à roulette.

Étrangement, il n'y a plus de machine seulement, des pièces de bois et de métal. Des objets. Des choses. Inertes.

Je suis arrivé, fatigué, pour parler avec les gars. Toujours fâché d'avoir été poursuivi par une machine.
Mais véritablement, comment être fâché après des boulons, des vis, des lames. Des choses. Fâché de ma peur sans doute.

Je regarde les gars: qu'est-ce qu'on en fait?

J'avais pensé brûler le bois, faire de l'art, l'envoyer sur une barque dans l'océan. Les réutiliser.

Un gars, un peu gros me dit: ben c'est simple. On vend les parties! On va faire queque piasses. Ils mirent tous à dire: ouais! Ouais! bonne idée.

Je me suis mis à rire: bonne idée. T'es en charge le gros.