samedi 31 mai 2014

Le Procès :

Mme La Juge d’instruction France Charbonneau.
Mme Pinsonneault, dite dans le milieu criminel « La critique ».

L’avocat de XBM : maître  Martin Fréchette

Av. : Mme Pinsonneault, diriez-vous que vous êtes une personne critique ?
Mme P. : Très (elle roule ses rrrrr).

Av. : auriez-vous le rôle de critique de la personne de XBM depuis le typhon qui dévasta l’île ?
Mme P. : Oui, avant aussi d’ailleurs mais j’étais plus silencieuse.

Av. : Pourriez-vous nous clarifier vos intentions ? Que cherchez-vous à faire ?
Mme P. : Je vise à le corriger à le rendre meilleur, alors, il sera plus heureux.

Av. : Mon client maintient que vous le rendez profondément malheureux par vos critiques. Rendant sa vie plutôt difficile et l’éloignant du bonheur que vous lui promettez
Mme P. :  (elle semble étonnée et doute tout d’un coup d’elle-même). C’est vrai ? mmmm. Parfois, je l’ai aidé lui indiquant comment régler un problème ou changer d’attitude.

Av. Vous évaluez votre taux de réussite à combien de fois sur 10 ?
Mme P. : 1 fois sur 10, des fois 2.

Av. : Considérez-vous que 10 ou 20% est un bon taux de réussite ?
Mme P. : Non pour moi, 8 sur 10, c’est bon.
(Elle se renfrogne, visiblement confuse)

Av. : Merci. Autre question. Quel est votre emploi ?
Mme P. : Je suis Secrétaire administrative pour une compagnie de construction.

Av . : Avez-vous des compétences spécifiques en musique ?
Mme P. : Je suis une grande mélomane. Je connais les plus grandes œuvres.

Av. : Je reprends ma question : possédez-vous des compétences spécifiques en musique tel que jouer d’un instrument, chanter, lire le solfège, harmoniser, arranger.
Mme P. : Absolument pas ! Je chante mal. Mais je m’y connais en musique !

Mme P. : Ah oui…comment pouvez-vous dire cela. Bien j’en écoute toute la journée à travers XBM !
Av. : Diriez-vous que vous êtes meilleure que lui ?
Mme P: Des fois, je le crois ! (Elle rit)
Av. : EXCUSEZ-MOI ! Vous êtes une secrétaire administrative sans aucune connaissance véritable en musique et vous vous considérez meilleure que lui ? Ça me semble être une grossière erreur et une preuve de manque total de jugement. Vous savez que votre emploi ne demande que très peu de connaissances.

Mme P. : Elle baisse la tête.

Av. : J’ai des questions pour vous. Aimez-vous votre travail ?
Mme P. : oui, je le fais bien. C’est plutôt répétitif. Mon patron n’est pas quelqu’un de plutôt inspirant.
Av. : Que faites-vous dans vos loisirs ?
Mme P. : Je regarde la télé, souvent, je m’ennuie.
Av. : Votre vie est-elle un peu morne ?
Mme P. : Oui, je l’avoue ! (Elle pleure soudainement). J’ai un chat et je suis seule. C’est terrible.
(L’audience est consternée)
Av. : Pourquoi vous intéressez-vous à XBM ?
Mme P. : Je le trouve très intéressant. Je crois en lui. Mais il n’est pas à la hauteur de mes attentes. J’aimerais qu’il soit mieux.
Av. : Mieux comment ?
Mme P. : Plus accompli, plus heureux, plus simple, plus joyeux !
Av. : Et c’est en le critiquant que vous comptez l’aider ?
Mme P. : C’est pour lui montrer la voie du bonheur !
Av. : Vous pensez donc qu’en lui montrant le malheur actuel que vous êtes en mesure de le diriger vers le bonheur ?
Mme P. : Elle baisse la tête. Je vois que ce n’est pas très efficace. Mais je ne sais pas quoi faire d’autres.
Av. : Et si vous ne faisiez rien ?
Mme P. : ce serait pire.
Av. : Vraiment ? Comment pensez-vous que vous pourriez l’aider autrement ?
Mme P. : Je pourrais mettre des sous de côté pour lui. Je n’ai pas d’héritier !
Av. : Comment voudriez-vous qu’il le dépense ?
Mme P. : Il devrait s’acheter une bouteille de Whisky et faire des drinks pour ses amis !
Av. : Vous savez que vous êtes en ce moment en procès pour harcèlement psychologique continu et aggravé ayant des conséquences sur la vie psychologique, affective et matérielle de XBM, n’est-ce pas ? Vous pourriez être condamnée à la déportation à perpétuité (soulagement), la réhabilitation (déprime), l’exil avec examen des cas à terme.
Mme P. : Non, je ne le savais pas. Je me rends compte avoir infligé une grande souffrance psychologique à XBM. Je suis triste, car mes intentions étaient nobles. Je me rends compte aussi que je l’ai critiqué pour des motifs personnels. J’aurais aimé obtenir de la fierté des ses accomplissements, mais c’était surtout pour moi-même, car je m’ennuie et je suis seule.

Av. : Merci, ce sera tout pour aujourd’hui.
La juge : je vais procéder à l’analyse des témoignages et verrai à convoquer les témoins si besoin est.



Madame la juge Charbonneau :

Chère Mme Pinsonneault, vu l’état de restructuration de notre île et vu les dommages et préjudices que vous avez infligés à la victime, je n’ai d’autres choix que de vous condamner à l’exil définitif de notre île. Vous devrez la quitter aujourd’hui même. Vos effets ont été ramassés et on vous a offert un billet d’avion vers une destination soleil ainsi qu’une rente à vie. Vous n’aurez plus le droit de revenir, ni de communiquer avec nous par quelque moyen que ce soit.

Cette décision prend effet immédiatement.

Ma sentence à l’exil prend effet maintenant.


Surprise, Mme P regarde à droite et à gauche et se fait prendre sous les bras par deux gardiens qui l’amènent dans un fourgon vers l’aéroport. Le fourgon traverse la piste, elle en sort, entre dans l’avion. Elle salue l’île avec un sourire. Elle semble libérée d’une tâche qu’on lui avait donnée, sachant que maintenant elle vivra sous les tropiques. L’avion prend son élan et décolle dans l’azur infini laissant dans son sillage une trace blanche et une île plus détendue et joyeuse.