vendredi 6 juin 2008

Muhammad Douth en convalescence

Il était dans sa cellule depuis plusieurs mois. Parfois, il sortait avec sa canne nouvellement acquise sur la grève de l'île. On l'avait condamné à de menus travaux de jardinage, mais c'était sans penser qu'il n'y voyait rien. Il était dans ses pensées et la rage qui l'habitait s'était estompée au profit d'une grande peine calme, mais lancinante. Il pleurait souvent, en silence. Il se sentait, d'une certaine manière, apaisé.

Ce qui lui faisait du bien, c'est de saluer les gens et que parfois quelqu'un le prenne par le coude pour le remettre sur le bon chemin, pour lui éviter de se fracasser sur les nouvelles parois vitrées de la cathédrale. Il y avait aussi Brahma Ménard avec qui il parlait souvent. Ça l'ennuyait un peu, car il sentait que B.M. lui accordait ce temps par pitié, d'une part et par surveillance de l'autre. Rien de pire que la commisération. Mais enfin, Muhammad pouvait saisir la part de bien dans les gens et s'y tenir. C'était un peu nouveau puisque sa rage prenait auparavant la majeure partie de son espace. Il savait aussi que les îlois allaient lui offrir un chien pour mieux voir et pour lui tenir compagnie. C'était un espoir qui nourrissait son attente.

Il s'était détendu et se sentait moins enclin à faire douter les autres et lui-même: il voyait plus clairement en lui.

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