mardi 16 septembre 2008

La plaine

Je regarde devant moi et il y a une plaine infinie. Les blés se meuvent au gré du vent et le soleil dore les grains. Peut-être y a-t-il aussi un cours d'eau au loin, un peu de relief quoi, pour créer de l'intérêt. Je regarde et je me sens bien. Un peu las sans doute, mais rien de bien dense comme sensation. Derrière moi, je le sais, il y a une maison, c'est la mienne. Elle ressemble beaucoup à celles que l'on dessine quand on a 4 ans. Un toit en pignon, dans le centre du pignon, une fenêtre, sous la fenêtre une porte. J'y reste seul. J'y invite bien des étrangers quelques fois, mais ils ne restent que rarement pour la nuit. Pas 2 nuits. Ils n'ont pas vraiment de raison de ne pas rester, c'est juste ainsi. Peut-être, reste-je trop en retrait? Peut-être n'y a-t-il pas assez d'emploi dans la région? Peut-être, peut-être. C'est la réponse aux questions sans réponses auxquelles on essaie de répondre seulement parce que l'on se sent mal à l'aise devant les questions. À ces questions, on devrait faire comme aux enfants de 4 ans: Parce que. Donc personne ne reste à coucher...

Personne, sauf évidemment Louis-Michel avec qui je blague, avec qui je fais des soupers, avec qui je dors quand je me sens seul. Louis-Michel mon antidote à moi-même, celui qui réussit à m'aimer dans toutes les situations et à faire de cette maison un paysage continuellement ensoleillé, qui ne permet que les clairs-obscurs des nuages passant sur les herbes, celui avec qui il fait bon se terrer durant l'orage ou la nuit, la chandelle allumée parlant de son éclat sur les murs peints à la chaux.

À ma droite, un cercle d'hommes nus qui se courent après. L'un veut celui d'en avant, et ainsi de suite. Ils courent et ne s'attrapent jamais. Un mouvement ridicule du désir où chacun veut toujours l'autre sans jamais l'atteindre.

Plusieurs solutions:

1) Mettre une roue au milieu et les obliger à moudre le grain
2) Les tuer un par un et les fumer. Beaucoup de sang.
3) Me mettre à crier, à pleurer et leur faire si peur qu'ils partent.

Des fois je cours aussi dans le cercle et je finis par avoir mal au coeur et je sors. Ça me fatigue.

Je regarde donc devant moi et je vois la plaine. Le cercle d'homme nu a disparu et je n'entends que le bruissement du vent dans l'herbage. Des fois, une peine vient me lacérer l'âme, mais rapidement, je respire et je sais que ma maison est derrière moi. Pignon, fenêtre, porte. Possiblement L-.M.

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