dimanche 12 février 2012

La boulangère se met en ménage

Ça se fit plutôt simplement:
Un jour, il arriva avec un bouquet de fleurs blanches qu'il avait acheté, agrémenté de fleurs des champs cueillies au passage et avec soin. Il était grand et assez bâti. À ce qu'il lui a raconté par la suite, il l'avait observée pendant des mois- elle, elle ne l'avait jamais vu-  au marché, avec ses copines chanteuses, à la boulangerie, joyeuse et sérieuse, toujours courtoise, à l'église pendant les prières où elle affichait une mine pensive, à la librairie lisant avidement les synopsis des livres, soupesant son envie avant, parfois, d'acheter; il l'avait donc cartographiée avant de faire son geste d'offrande florale.

Elle lisait à sa fenêtre quand il arriva bouquet en main.  Elle le vit ramassant des papiers qui jonchaient le sol, laissés par des passants insouciants et mal élevés. Son coeur eut un sursaut, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, un sursaut comme une bal au bond, comme une frayeur qui se détend, comme un chat croqué au vol par un polaroïd bruyant, comme le seul clic d'un métronome pris du hoquet.

Clac, fit la clanche de la porte, le bouquet pénétrant en premier et l'homme en deuxième.

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