jeudi 9 octobre 2008

Anselme, l'ogre

Cette fois-ci, il ne pleurait pas. Il avait étendu ses excréments partout sur les murs et me fixait durement dans ses vêtements souillés. Je comprenais bien qu'il avait fait cela pour me punir de ne pas être venu le visiter plus tôt. Je pris un seau et une brosse et je me mis en frais de laver les murs. Une odeur d'urine séchée et de merde alourdissait la pièce. Je sentis qu'il devint plus léger à mesure que j'avançais dans l'ouvrage. D'une manière, je m'occupais de lui et je savais qu'il avait raison de se venger, alors je ne montrais aucun signe de mécontentement.

Un peu après, je sentis qu'il s'agitait, qu'il voulait se mouvoir. Je posai la brosse et vint m'asseoir à côté de lui. Je le sentais heureux et touché.

"À quoi rêves-tu?"
"Je rêve à des chèvres: elles montent dans la montagne et gambadent"

"Pourquoi des chèvres?"

"Parce qu'elles sont seules et avec les autres. Et que les loups peuvent les manger"

"Je vais t'acheter de nouveaux vêtements et aussi des crayons à colorier et du papier.
J'aimerais que tu apprennes à faire quelques chose entretemps. C'est toi qui choisis"

"Je vais apprendre à attacher mes lacets. J'ai quelque chose à te demander à mon tour: n'attends pas que je m'ennuie avant de venir. N'attends pas que je devienne fou et malheureux avant de penser à moi. Pourquoi ne t'occupes-tu pas de moi spontanément?"

Je mis à pleurer, debout face à lui dans le milieu de la pièce et lui criai:" Parce que j'ai peur!"
J'ai peur de toi. J'ai peur de moi.

Il me regarda et dit: Demain, je mettrai des vêtements propres et mardi, je saurai faire les lacets. Viens mardi.

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