vendredi 12 décembre 2008

Anselme fâché

Quand il me voit, il me fuit, le regard mauvais. Il continue à être un héros: se dépasse partout, fait de la musique, chante des airs de bravoure, du Wagner, du Bellini, du Strauss. Il est bon dans tout, se dépasse, est beau et s'organise pour que je voie ses succès de loin.

Mais il est furieux, parce que je n'avais pas su déceler plus tôt tous ces talents, qu'il me dégoûtait, que j'avais peur de lui, le croyait une menace à ma personne et aux autres. Ce que j'avais imaginé de lui est tout autre que ce que j'avais cru. Je m'étais trompé, complètement. Et il a voulu me le prouver. Me montrer que mes assomptions étaient fausses, que j'avais tort.

Moi, je me sens misérable de ne pas avoir aimé mon fils. Mais est-ce mon fils? Pas vraiment. C'est mon fils adoptif. J'en ai la garde et j'en suis le tuteur. Ainsi, je me sens moins misérable, mais encore là, j'ai failli à ma tâche.

Tristement, je sens qu'il n'y a pas d'espace pour le pardon de sa part. Les jeux sont faits, il s'est durci. Je viendrais pleurer à ses pieds en m'étendant en excuse, que ça ne donnerait rien. Ou peut-être dans une petite case de son âme, se sentirait-il soulagé de voir que moi son père, je suis un faible, un lâche, une merde, un humain à l'âme molle?

Je n'en sais rien.

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